Habiter les territoires insulaires
Réflexion sur la valorisation de l’existant à Belle-Île-en-Mer
Belle-Île, surnommée la bien nommée en raison du cadre de vie
qu’elle offre, est devenue une destination touristique majeure
depuis le début des années 90. On recense jusqu’à 400 000
visiteurs par saison pour seulement 5 000 habitants à l’année.
Cela contribue à renforcer la croissance économique de l’île
mais également les potentialités de construction. Afin de limiter
l’expansion, plusieurs strates de protection se sont mises en
place comme la loi littorale qui participe à la préservation de la
bande littorale de l’île, ou encore la loi ALUR qui a pour objectif
de lutter contre l’étalement urbain.
L’expansion Urbaine
Historiquement, l’expansion à Belle-Île s’est organisée autour
d’un principe simple : les longères s’implantaient les unes après
les autres, en alignement, chaque nouvelle construction venant
s’adosser à un pignon existant. Cette logique a permis de former
de petits hameaux compacts de quelques maisons, créant des
ensembles cohérents et marquant durablement l’identité
architecturale belliloise.
D’une expansion diffuse …
Au fil du temps, cette logique d’alignement s’est diluée.
L’expansion s’est faite de manière plus dispersée, portée par des
choix individuels et la disponibilité du foncier. De nouvelles
constructions se sont éloignées des hameaux d’origine,
dessinant des extensions en couronne, en périphérie ou sous
forme de lotissements parfois déconnectés du tissu existant. Ces
implantations ont contribué à fragmenter le paysage et à
accroître la consommation d’espace.

Extension en couronne

Extension en périphérie

Extension en lotissement
Densification par l’extension
Densification par la construction neuve
… À une expansion raisonée
Face à ces dynamiques, il devient essentiel d’accompagner
l’évolution de Belle-Île vers un développement plus maîtrisé afin
de limiter l’étalement et le mitage. Cela implique de renforcer
les hameaux en comblant les vides et en prolongeant les
constructions existantes, tout en privilégiant des extensions
raisonnées plutôt qu’un étalement non coordonné.
Des volumétries multiples
En parallèle, préserver et mettre en valeur l’identité
architecturale de l’île reste un enjeu primordial. La longère, unité
de base de l’architecture belliloise, s’accompagne bien souvent
d’annexes, d’appentis ou d’escaliers extérieurs formant un
vocabulaire bâti sobre et spécifique, dont toute intervention
nouvelle doit s’inspirer.
1. La longère
2. L’appentis
3. L’escalier
4. L’annexe
Principe d’extension des longères, CAUE du Morbihan, 1992
Les matériaux locaux
Au-delà des volumes, l’identité de l’île se caractérise aussi par
les matériaux utilisés : le schiste, l’ardoise, l’enduit à la chaux, le
bois… En continuant d’utiliser ces matériaux, nous préservons
l’architecture insulaire tout en favorisant des constructions
harmonieuses et pérennes.

Schiste
Ardoise
Enduit à la chaux

Bois
L’APPROCHE DE L’AGENCE
Dans ce contexte, notre objectif est de parvenir à concilier la préservation de cette identité tout en
s’adaptant aux enjeux constructifs actuels. En se réappropriant la forme historique de la longère, nous
limitons la reproduction des projets et le pastiche. Il nous semble important de respecter les détails
traditionnels tout en recomposant les volumes grâce à des soustractions, des associations ou des
superpositions. Ce parti pris nous permet à la fois de participer à la préservation de l'architecture
belliloise mais aussi de répondre aux besoins contemporains et aux attentes de nos clients.
Belliloise Kervau, Kevin Velghe Architecte.





